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Feuille de chou d'une diet' de campagne



Lorsque j'ai décidé de reprendre mes études pour passer un BTS diététique, je ne m'attendais pas à ce qu'il y ait autant d'a priori, sur la nutrition, sur les personnes en situations d'obésité et sur les diététiciens-nes eux-elles même.

A cette époque j'ai 35 ans, je suis mariée, j'ai trois enfants et je décide de plaquer mon job de secrétaire médico-sociale dans une association d'aide à domicile qui ne m'emploie que 15h...par mois pour entreprendre un BTS par correspondance via le CNED.

Durant ces études donc, je me suis confrontée aux autres, ceux à qui j'avais expliqué mon projet très excitant de devenir "Diététicienne-nutritionniste" des étoiles plein les yeux et un temps de travail acharné dépassant les 10h par jour - même le weekend - car je VOULAIS réussir ce BTS qui était pour moi l'occasion d'avoir un travail captivant, au plus près de la personne comme je l'ai toujours souhaité et avec un public diverse. Ce dont je n'avais pas pensé en revanche c'est la difficulté à s'établir en milieu rural, dans un désert médical avec une population ayant pour la grande majorité les mêmes a priori que nous allons développer...


A priori sur la nutrition


Tout d'abord les personnes autour de moi ont pensé que j'étais sensé adorer tous les légumes et ne pas aimer le chocolat, que si j'entreprenais ces études, je devais être vegan, que les diététiciens donnaient des régimes difficiles à tenir parceque l'on ne mangeait que de la salade et surtout une liste d'aliments à diaboliser commençant par P, qu'il y avait d'ailleurs aussi une liste dans laquelle il y avait le fromage, une liste pour toutes les pâtisseries, les charcuteries, les gâteaux...en bref que la diététique se composait d'aliments autorisés et d'aliments interdits et que du moment ou tu suivais cette liste tu perdais du poids et de préférence le poids souhaité comme 10kg en 1 semaine, histoire d'avoir une belle silhouette pour l'été...vaste blague!


A priori sur les personnes en situation d'obésité


De ces a priori sur la nutrition découlent des tonnes d'idées préconçues, les fameuses phrases bien pensantes et malsaines que l'on entend partout et que tout novice en diététique n'ayant aucun problème majeur de poids a pensé au moins une fois dans sa vie: pourquoi la personne obèse ne se met-elle pas au régime, ne veut-elle pas perdre de poids, ne se met-elle pas au sport, mange t-elle un burger... et j'en passe. Les personnes en situation de surpoids et d'obésité elles même tendent à penser ainsi tellement ces phrases insidieuses sont entrées dans le commun alors que le surpoids et l'obésité sont surtout le fruit des régimes à répétition, des privations et de profonds mal-être infligés à ce corps que l'on a du mal à comprendre parceque trop souvent oublié, blâmé, malmené, meurtri.


A priori sur les diététiciens


Les diététiciens, ces nutritionnistes fourrent-tout tantôt faiseurs de miracles, tantôt incapables, qui doivent être mince à l'allure sportive, aimer les légumes donc, et nous donner des régimes, de préférence le dernier à la mode, pour pouvoir en parler aux autres, quand celui-ci aura fonctionné en disant:

"j'ai fait le régime untel et j'ai perdu 15 kg en 3 semaines!"

Sauf que le régime untel n'est nullement cautionné par des diététiciens-nes, provoque des carences et/ou ne marche pas et/ou est tellement strict qu'il provoque des compulsions alimentaires, les fameux:

"Je suis trop nul-le" et son copain "j'ai pas réussit à tenir, j'ai craqué" suivi du petit frère "foutu pour foutu"-

qui provoquent l'effet yoyo...


Tout ces a priori


Sur la nutrition, sur les personnes en situation de surpoids et d'obésité, sur les diététicien-nes créaient des difficultés.


Difficultés chez le patient à comprendre que le régime miracle n'existe pas, qu'il faut s'accepter et que si l'on veut tendre vers un objectif minceur une visite de temps en temps chez un diet' ne suffiront pas, véritable prise de conscience, il faut un remaniement des habitudes de vie, temps de repas, sommeil, une lutte quotidienne contre la sédentarité, un changement dans l'alimentation pour qu'elle tende à être la plus équilibrée et diversifiée possible, un suivi avec un psychologue/ psychothérapeute/art thérapeute pour décrypter les problèmes enfouis au fond de soi et s'en sortir, peu parfois être nécessaire.


Difficultés chez le diét' qui peine à se faire entendre et/ou comprendre, surtout quand il est noyé par les slogans accrocheurs de perte de poids aisée et rapide, moyennant seulement quelques centaines d'euros et des poudres miracles. Noyé par tous ces groupes de pertes de poids via le nouveau régime à la mode. Noyé par les vendeurs de jeûne et cure détox. Noyé par tout ces "spécialistes de la nutrition" qui ne sont nullement reconnus par leurs pairs du fait du niveau de leur qualification. Et noyé par monsieur machin, qui s'autoproclame nutritionniste parcequ'il a réussit à perdre 10kg. Le diet' qui a, honte à lui, parfois des poignées d'amour, un surpoids ou une obésité... Parceque ne l'oublions pas l'obésité peut être est une pathologie et peut cacher d'autres choses.


Les difficultés chez le diet en milieu rural, c'est de se confronter à la peur du patient de manger vegan et à sa crainte de devoir s'inscrire à une salle de sport en ville (alors que est à 30 minutes de route de tout de chez lui. Au fait maison traditionnel qu'il faut revoir pour en diminuer la teneur malgré les recettes ancestrales. Se confronter à la désertification médicale: pas de médecin de campagne donc pas de suivi de proximité pour détecter un problème lié à la nutrition, effectuer l'ordonnance pour un bilan sanguin régulier, ou diriger en prévention vers un diet', qui pourra éviter la prise d'un traitement lourd ou une pathologie plus grave. C'est aussi avoir des problèmes de connexion internet lors des téléconsultations...


Ces difficultés et a priori sur la nutrition, sur l'obésité, sur les dietététciens-nes


N'entament pas le plaisir d'aider mes patients à se trouver, à s'accepter, à mettre leurs idées au clair, à définir leurs objectifs alimentaires, nutritionnels, de vie tout simplement, parcequ'être en situation de surpoids et d'obésité ce n'est parfois qu'un poids sur la balance (voir le prochain post sur l'IMC) qui n'empêche en rien d'avoir une vie harmonieuse et pleine de projets!

Alors oui, les patients à la campagne tout comme ailleurs, ce n'est pas du gâteau, mais ce choix professionnel est stimulant et permet de remettre en question tout les a priori que l'on peut avoir sur la nutrition, l'obésité et les ditététiciens-nes...

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